Dans national-socialisme, il y a socialisme

Publié le 25/01/2016
Par Yazan

Dans national socialisme, il y a socialisme. Il y avait un contenu socialiste considérable qui a transformé la société allemande beaucoup plus qu'aucune force politique ne l'avait fait.
Jean Marie Le Pen - 28 octobre 2010
Ceci est l'une des fiches bristol frontiste des plus désolantes que le sujet ne mériterait même pas d'être abordé ici. Néanmoins, la petite phrase constitue un tel cas d'école dans la propagande d'extrême droite qu'il convient malgré tout d'étudier la chose, ne serait ce que pour son aspect sociologique. Car s'il ne viendrait l'idée à personne de comparer le socialisme avec un quelconque projet hitlérien, les milieux de l'extrême droite, eux, ne s'en sont pas privés! Insufflé par les élites du front national, le concept intégre désormais ces éléments de langage qui font la culture de tout bon militant frontiste. En marge du «point Godwin», il est devenu à la fois un socle défensif de l'argumentaire visant à se disculper de tout rapprochement idéologique entre le front national et Hitler, ainsi qu'une véritable arme offensive aux yeux du militant qui chercherait à confondre tout «gauchiste» de... nazisme (SIC)… Bref, affirmer que le national-socialisme relèverait du socialisme sur le simple brouillamini entre le mot composé et ses unités syntaxiques de base, c'est d'une bêtise innommable, on nage en plein délire. Mais le pire est que eux… Ils y croient!!!

Dessin - Deux moutons du front national en acte de sodomie

Le socialisme d'Hitler est populiste et démagogique


Hitler était-il d'idéologie socialiste? Il est vrai que son "programme en 25 points" dévoilé pour la première fois à Munich le 24 février 1920 comporte un certains nombre de points ouvertement socialistes (mais aussi des ambitions expansionnistes, racistes et antisémites). Pour le monde ouvrier, il propose la nationalisation des plus grandes entreprises (point 3), ainsi qu'une participation aux bénéfices (point 14). Pour les grands exploitants agricoles, ce sera expropriation sans indemnisation, et mise à disposition de leurs terres aux petits paysans (point 17). Idem pour les grands commerçants: Leurs enseignes deviendront propriété de l'administration et seront louées aux petits exploitants contre un loyer modique (point 16). Bien sur, les retraités ne seront pas en reste et leurs pensions se verront immédiatement revalorisées (point 15). Dans mein kampf (1925), Hitler confirme son anticapitalisme en affirmant placer "la lutte contre la finance internationale et le capital de prêt" comme "le point le plus important de la lutte de la nation allemande pour son indépendance et sa liberté économique". Il confortera cette position à de nombreuses reprises et de ce point de vue, on pourrait conclure que le nazisme n'intègre une composante socialiste, presque marxiste même...

Mais il ne s'agit là que d'un discours de façade, populiste et démagogique. En 1920, socialisme et communisme ont le vent en poupe dans une société allemande humiliée et amputée par le traité de Versailles. Hitler cherche à séduire un peuple qui grogne, et ce ne sont ici que des mots car dans les actes, il ne s'est jamais opposé au jeu du système économique établi pas plus qu'à la bourgeoiserie... Bien au contraire...

Le pacte avec la bourgeoisie et les affaires


Depuis les origines du nazisme, les élites du parti nouèrent des relations avec l’aristocratie allemande ainsi que le monde des finances. En 1923, Hitler reçut 100 000 marks d'or de la part de son premier riche mécène: Fritz Tyssen, l'homme d'affaires le plus fortuné du pays. Aux yeux du patronat, le nazisme pouvait apparaître comme le rempart contre toute révolution d'inspiration socialiste. Avec les bons résultats aux élections de 1930, le parti vit affluer de riches contributeurs issus de la grande industrie tels Fritz Thyssen, Albert Völger, Paul Reusch, Hugo Stinnes, etc... C'est que, en dépit des promesses tenues devant le peuple, la bourgeoisie avait obtenu ses propres garanties que ce national-socialisme serait avant tout nationaliste... Et surtout capitaliste!

Le 26 janvier 1932, Hitler fut ovationné à Düsseldorf à l'issue d'un discours tenu devant 300 représentants du monde industriel. La rencontre organisée par Von Schröder (un autre riche banquier et mécène du parti Nazi) avait pour but de promettre un avenir luxuriant pour le patronat sous le règne du national-socialisme: "Je me charge de la politique, à vous l’économie" leur lança Hitler en conclusion d'un plaidoyer contre la menace bolchevique et l'inaction du pouvoir en place. Ce que promit ici Hitler fut le maintien de la propriété privée, des débouchés industriels au travers d'un marché national (l'autarcie) et du réarmement militaire, ainsi qu'un peuple "pris dans une discipline de fer" (i.e. au service du patronat).

Sans le soutien de la finance, ses carnets de chèques, son lobbyisme politique, Hitler n'aurait jamais gravi les marches de la Chancellerie. C'est bel par et pour l'appui du grand capital qu'advint le nazisme. De socialiste, Hitler n'avait que des promesses tenues devant des foules crédules, celles pour qui il suffit de s'agiter en frappant du poing afin d'apparaître comme crédible! Mais l'histoire ne s'arrête pas là, car moins socialiste encore qu'un Hitler aux portes du pouvoir, il y a le Hitler au sommet de l’État!

L'Allemagne capitaliste d'Hitler


Une du journal du parti socialiste allemand du 31 janvier 1933 : Hitler chancelier
Journal socialiste allemand du 31 janvier 1933
Le 31 janvier 1933, au lendemain de la nomination d'Hitler au poste de Chancelier, on peut lire ceci en une du journal socialiste: "Hitler chancelier du Reich! Alarme pour l'ensemble de la classe ouvrière". Ce journal connaîtra comme beaucoup d'autres la censure nazie. Le même jour, Hitler fait dissoudre le Reichstag et programme des élections pour le 5 mars 1933: Un délai suffisant pour éradiquer toute opposition politique! Une véritable chasse aux sorcières socialiste et communiste est orchestrée et deux camps de concentration de l'histoire nazie seront créée dans la foulée, au mois d'avril, afin d'accueillir les premiers 30000 déportés du régime (des socialistes et des communistes). Les premiers droits fondamentaux sont abrogés, les partis d'opposition sont broyés, la simple incitation à la grève relève de la haute trahison. En un an et demi, Hitler disloquera l'intégralité des forces de gauche au profit de son pouvoir central et antidémocratique... Ainsi naît le culte du chef...

Fond allemand du travail - affiche de propagande nazie alliant ouvriers et patrons
Affiche du DAF: Patrons et ouvriers solidaires
Car c'est cela avant tout le national-socialisme: Un seul parti, une seule opinion, une seule culture, un seul chef... C'est bien en ce sens qu'Hitler crée en octobre 1934 le "fond allemand du travail" (le DAF), syndicat unique prônant la solidarité entre employés et employeurs au sein d'une communauté nationale. Je ne saurais dire s'il s'agit là d'un précurseur du MEDEF, mais la solidarité patron-ouvrier ne trouverait pas vraiment sa place dans les anales du socialisme, et ce que tente ici d'opérer le nazisme n'est rien d'autre que la convergence des intérêts de la classe ouvrière vers ceux du patronat, et ce, au nom du patriotisme: Il n'y a chez Hitler aux commandes aucune lutte des classes d'inspiration socialiste! Werner Best, un général SS central dans l'administration nazie écrira même à ce sujet reconnaître "la lutte des classes, mais la lutte des classes par le haut, menée par les maîtres contre la masse insurgée". Le message est clair!

Du point de vue économique, Hitler était un véritable capitaliste, de la branche Keynésienne pourrait-on dire. Son efficacité industrielle, il la gagna en motivant le seul patronat par une main d’œuvre docile et peu chère. La durée du travail fut allongée jusqu'à 60-70 heures sans réelle redistribution des richesses. En guise de nationalisations "socialistes", le rythme des privatisations débutées dès 1933 s’accélérera pour atteindre son apogée en 1936-1937.

Une étrange conception du socialisme que celle d'un Hitler pour qui le peuple ne sera au final que l'instrument de la grandeur retrouvée, grandeur de la patrie et, au travers de ceci, grandeur d'un chef suprême... Au prix du sacrifice de tous ses contraires, culturels, artistiques comme politiques! Là où le socialisme se définirait comme intrinsèquement altruiste et humaniste, tout dans ce national-socialisme transpire le narcissisme du chef, son autoritarisme, son racisme et son capitalisme.

Pour Hitler, le socialisme, c'est du nationalisme


Ce que nous entendons par socialisme n'a rien à voir avec le socialisme marxiste. Le marxisme rejette la propriété privée, le vrai socialisme, non...
Adolf Hitler - 1930
Hitler en personne précisera sa propre conception du "vrai" nationalisme, et l'on comprend qu'il faudrait toujours considérer comme suspect celui qui ressent le besoin de recourir au supplétif "vrai" pour se définir! Dans cette pensée, nationalisme et socialisme sont équivalents et interchangeables: Le socialisme d'Hitler, c'est du patriotisme! De ce socialisme dont le parti nazi se sera évertué à en déformer le sens, il n'en a jamais été le dépositaire pas plus que l'héritier! Il n'y avait d'utopie socialiste chez Hitler que ses messages de propagande à destination de la classe ouvrière. Et c'est pourquoi lorsque je rencontre ici où là un enfant de la république fier d'affirmer qu'il n'y ait une essence socialiste dans le projet nazi, comme transcendé par l'illusion d'un savoir dont il serait le seul dépositaire comme pour mieux le verrouiller, je ne puis m'empêcher de ne voir en lui que le prolongement de cette propagande nazie. Pour cet individu abject, je conclurai ici par une déclaration d'Adolf Hitler en 1922, aux origines du national-socialisme, et pourtant d'une contemporanéité inquiétante... Au "jeu de mot socialiste" près... A méditer...

Celui qui est prêt à faire sienne la cause nationale, dans la mesure telle qu'il ne connaît pas d'idéal plus élevé que la prospérité de la nation, celui qui a compris que notre grand hymne Deutschland über alles signifie que rien, rien dans le vaste monde ne surpasse cette Allemagne, sa terre et son peuple, son peuple et sa terre, celui là est un socialiste.
Adolf Hitler - 1922


 



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